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Raymond
Cousse
Raymond Cousse, né en 1942 à Saint-Germain-en-Laye,
écrivain, comédien et dramaturge, fut soutenu à ses débuts par Samuel
Beckett et Eugène Ionesco. Il s'est fait connaître au Théâtre du Lucernaire
à Paris en 1978, en interprétant lui-même sa pièce Stratégie pour deux
jambons, qui connaît une brillante carrière internationale. Il est également
l'auteur d'Enfantillages et du Bâton de la maréchale. Raymond
Cousse a mis fin à ses jours en décembre 1991.
Bibliographie
des oeuvres de Raymond Cousse
Stratégie pour deux jambons, roman cochon, Flammarion, 1978,
J'ai lu, 1985.
Enfantillages, roman, Flammarion, 1979.
Théâtre, sept pièces, Flammarion, 1981.
Le Bâton de la Maréchale, roman militaire et pornographique,
Flammarion, 1982.
A bas la critique et vive le Québec libre !, lettres
et pamphlets, Rupture, 1984.
L'envers vaut l'endroit, Journal d'Australie, Le Dilettante,
1986.
La découverte de l'Afrique, Journal à couper le
beurre, Le Dilettante, 1991.
A bas la critique!, éditions Cent Pages, 1999.
L'irrévérencieux Raymond Cousse est
surtout connu pour ses coups de gueule bien sentis, assénés
à toute l'édition parisienne convenue et, parmi d'autres,
un texte remarquable : Sratégie pour deux jambons, qu'il
envoya naguère à Bernard Pivot, flanqué d'un véritable
jambonneau pour "l'épauler durant sa lecture". Et Raymond de
réclamer par missives massives ce qu'il est advenu dudit plat
et, à l'occasion, du texte. Jamais Môssieur Pivot ne répondit.
D'autres papistes des Lettres eurent les honneurs de cet incompris (Ezine,
Rinaldi, Poirot-Delpech...) en quête de lecteurs mais jamais de
paillettes et qui finit par un dernier camouflet en se suicidant en
1991. Une sorte de Pierre Marcelle qui n'aurait pas eu l'exutoire hebdomadaire
trop cafouilleux mais serait resté pur, digne, roide : un Honnête
Homme.
Philippe Di Folco (article publié dans
Nova Magazine, février 1999, à l'occasion de
la réédition du texte A bas la critique!)
On ne peut pas dire que Raymond Cousse appartenait
à une famille, ni qu'il s'inscrivait dans une filiation. Son
histoire - ou sa légende ? - veut qu'il se soit enflammé
pour le théâtre alors qu'il était pompier, envoyé
comme il se doit assurer la sécurité des salles. C'est
à la Cour des miracles qu'il a commencé, en 1974, avec
une farce anthropophagique, la Terrine du chef. Et c'est avec
une autre farce culinaire, Stratégie pour deux jambons,
qu'il s'est imposé en 1980. Publié d'abord sous la forme
d'un roman - salué par Beckett, qui le soutint beaucoup et fut
un phare pour lui - , Stratégie pour deux jambons devint
un formidable moment de théâtre. On y voyait Raymond Cousse
se métamorphoser, par la seule force du jeu, en un cochon, qui
ressassait en éructant toutes les façons possibles de
se préparer à l'abattoir. Cette charcuterie fine aux mots
cruels et ciselés devait voyager dans toute l'Europe et plus
loin encore, pendant des années. Elle fut la gloire de Raymond
Cousse, et aussi, d'une certaine manière sa tragédie,
parce qu'elle fit ombrage à ses pièces postérieures,
comme Enfantillages ou le Bâton de la Maréchale.
Avec sa férocité (voir ses pamphlets contre Pivot et l'Australie)
alliée à une tendresse rageuse, Raymond Cousse savait
se faire aimer, sans le demander, de qui l'approchait. Il sut aussi
se faire aimer, ô combien, comme celui qui fit redécouvrir
Emmanuel Bove. Ce dernier était totalement oublié quand
Raymond Cousse tomba par hasard sur un de ses manuscrits, Dés
lors, il devait, avec une fidélité jamais démentie,
s'atteler à la publication de son oeuvre, en grande partie inédite.
Bove, qui vécut toujours partagé entre le désir
d'être reconnu et l'incapacité à faire en sorte
de l'être, mourut exténué, à 47 ans. Raymond
Cousse s'est suicidé le 22 décembre dernier, à
49 ans.
L'Evénement du Jeudi, 9 au 15 janvier 1992
Voir
le site qui lui est consacré
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