Trente-cinq
mescals à Cuantla
Le pire de tout, c'est ce tic-tac,
Vous savez, qu'on entend en bateau, dans le train,
Et qu'on entend partout, car il est le destin
Tic-tac de la mort vraie, non pas seulement du temps;
Termite rongeant les lambris pourris du monde
Et pour toi c'est la mort, même si tu connais
Le tic-tac silencieux du coeur qui va faillir
Dans
sa course contre la montre, battement
Qu'on
entend de partout, qui toujours ralentit
Mais
qui n'est pourtant pas le tic-tac de la mort vraie,
Seulement celui du temps, seulement le carillon
Qui
sonne dans le coeur quand une peur soudaine
Fait
grelotter le corps comme un réveil patraque
Le
réfrigérateur ronronne dans le bar
Tandis
que la gare émaciée oppose
Son
bourdonnement aux bruits de la rue
Que dirai-je sans injustice
De ce lieutenant aux épaules larges - une main
Derrière
le dos, salie de sang, tient un cigare -
Sinon
qu'il bouche tout un pan
De
ce soleil intermittent
Sous lequel luttent contre la tempête
Des
bribes de liberté, et où la foudre bleue
Fait
un bruit de pelle à charbon ?
Le tonnerre roue de coups les montagnes ogivales;
Mais
pourquoi faut-il que tu entendes cette tempête,
L'entendes
sans la reconnaître. |